Recherches dans les tourbières du bassin du Congo
Le Bassin du Congo abrite le plus grand complexe de tourbières tropicales au monde, avec une superficie de 167 600 km², soit 36 % de la superficie mondiale de tourbières tropicales. Elle piège plus de 1 712 ± 634 tonnes de carbone par hectare, soit neuf fois plus que le carbone moyen séquestré dans la biomasse aérienne des
arbres vivants des forêts tropicales humides africaines. Des études scientifiques ont été entreprises par plusieurs groupes de recherche internationaux sur les tourbières du Bassin du Congo en raison de l’importance de ces écosystèmes. Ces chercheurs ont étudié l’histoire de cette immense tourbière. Leurs résultats montrent que ce gigantesque réservoir de carbone ne l’a pas toujours été et que cela pourrait changer à l’avenir sous l’effet du changement climatique et de pressions anthropiques. Mais il reste beaucoup d’incertitudes dans la compréhension des processus qui déterminent la formation et le développement des tourbes dans le Bassin du Congo, notamment en termes d’hydrologie, de sédimentologie, de géochimie, de paléoécologie et des influences humaines.
Dans le cadre du projet SPP « Archéologie et paléoécologie du bassin intérieur du Congo« , une séquence sédimentaire d’environ 2 m de profondeur a été prélevée dans une tourbière près de Bolondo (province de Tshuapa, République démocratique du Congo) dans le but de reconstituer l’histoire de la végétation sur le site, de comprendre la dynamique du carbone associé et d’évaluer sa vulnérabilité au changement climatique et aux activités humaines. Des datations au carbone 14 ont permis d’estimer l’âge de la tourbe. Plusieurs indicateurs géochimiques issus des coopérations avec CEREGE (Aix-en-Provence) et MARUM (Bremen) ont révélés entre autres le niveau de sa décomposition, et l’analyse isotopique des cires végétales a permis d’obtenir des informations sur la composition de la végétation et l’histoire des précipitations. Les grains des pollens analysés dans chaque strate ont permis la création des images de l’ancienne végétation depuis la formation de la tourbière.
(Copyright: M. Schmeling, licensed under CC BY 4.0 international, waterbodies © OpenStreetMap contributers, modification by J. Sigl)
Les résultats obtenus sur la séquence de Bolondo révèlent un passé marqué par des événements climatiques qui ont affecté le stockage du carbone et les changements des végétations au cours des 2500 dernières années. Ces résultats font l’objet d’un article scientifique en préparation.